Dix heures de trajet nocturne dans un vieux ferry-boat indonésien, bondé et puant...



Au petit matin, Pulau Siberut, «l'île-jungle» apparaît à l'horizon. C'est ici que vivent les Mentawai.



Après quelques heures supplémentaires en pirogue le long de la rivière Rereiket puis une marche dans la jungle boueuse, voici enfin la uma de Bajak Sorumut et de son clan.



Malgré les campagnes successives d'évangélisation et de sédentarisation du siècle dernier, certains groupes ont réussi à maintenir leur mode de vie ancestral, loin du monde moderne.



Au plus profond de la forêt, ces résistants, aussi appelés les Hommes-Fleurs, continuent de vivre dans des umas, les maisons communautaires traditionnelles sur pilotis, ils mangent le fameux sagou et chassent les singes avec des flèches empoisonnées...



Le clan de Bajak Sorumut est de ceux-là.



Le vieil homme est le rimata, le patriarche, l'âme du clan. Il est le chef spirituel, le gardien de la tradition. Il assure la subsistance de sa famille et préserve l'harmonie sous le toit en la uma.



C'est également un kerei, un shaman mentawai. Il est capable de communiquer avec les esprits, de guérir les blessures ou d'apaiser les malades. Il connaît les gestes anciens pour fabriquer le omai, ce dangereux poison indispensable aux indigènes pour survivre dans la forêt tropicale depuis des millénaires.



Il connaît la science de la jungle.